Nous sommes très heureux·ses que d’autres élu·es de la ville de la Roche-sur-Foron aient pris récemment position contre le projet de Vélodrome Arena.

Mais alors pourquoi « La Roche Autrement » n’a pas attendu la présentation « marketing » du président du conseil départemental pour affirmer son opposition à ce projet ?

L’explication se trouve dans la création de notre mouvement : le ciment de notre réflexion porte sur la défense des valeurs démocratiques, sociales et environnementales.

Ainsi dès l’annonce du projet, nous avons compris qu’il s’organisait à l’insu de la population un véritable déni de démocratie. Absent des programmes électoraux de Martial Saddier et de Pierrick Ducimetière, les tractations allaient bon train en coulisse pour définir les grandes lignes de ce projet, sans aucune consultation de la population.

Lors du conseil municipal de Novembre 2022, une semaine après l’annonce de l’implantation du site sur notre commune, nous avons alerté les élu·es et la population sur ces pratiques opaques et questionné sur les nombreux impacts d’un tel projet. Nos questions ont entraîné en retour de nombreuses postures dénigrantes allant jusqu’à exclure un de nos élu·es du conseil municipal.

Une réunion de l’association La Roche Autrement a rapidement suivi cet événement majeur pour savoir si l’ensemble de ses membres consentaient à poursuivre notre raisonnement. Suite à un temps de réflexion, de discussions, de débats, de prises de renseignements auprès d’expert·es en aménagement du territoire, en urbanisme, en mobilité et en finances publiques, le résultat a été sans appel : 100% des membres de La Roche Autrement se positionnaient contre ce projet.

Depuis, et après notre demande de référendum refusée par la majorité, nous n’avons eu de cesse de questionner, d’alerter l’ensemble du conseil municipal et d’être aux côtés des citoyennes et citoyens qui s’opposent à ce projet et demandent davantage de démocratie.

Les raisons de cette opposition :

Concernant le volet social, notre réflexion s’est rapidement portée sur l’éthique politique. Quels rôles doivent jouer les pouvoirs publics ? A l’heure du creusement des inégalités, en ces temps de crises et de forte inflation, est-il opportun de s’endetter pour financer une salle de «sport-spectacle» alors que l’Arena de Genève et l’Arcadium d’Annecy se trouvent à moins de 30 km? Aucun plan de financement structurel et fonctionnel à moyen et long terme du projet n’existe. Malheureusement, les chiffres que nous annoncions en début de mandat, moqués alors par Pierrick Ducimetière, sont largement dépassés pour ce projet évalué aujourd’hui à plus de 150 millions d’euros.

Notre réponse est claire, nous assumons une conception raisonnée de l’administration des biens communs : santé, éducation, alimentation, énergie, environnement, sécurité, transports, doivent rester des préoccupations essentielles et suffisantes. Savoir faire des choix raisonnables en politique ne devrait pas être perturbé par la pression et la peur que peuvent provoquer l’attribution de subventions départementales.

Par ailleurs, ce projet d’un autre temps vient percuter nos valeurs basées sur le respect de l’environnement et la santé des Rochois·es. Modèle de « greenwashing », la présentation du projet de Vélodrome Arena est venue confirmer ce que nous savions déjà… Aucune étude d’impact carbone n’a été réalisée. En réponse à nos points de vigilances, le maire Rochois affirmait qu’il n’y aurait aucune artificialisation des sols ni modification du PLU, la présentation finale du projet vient confirmer le contraire 

Le bâtiment a beau être annoncé comme un bâtiment « à énergie positive », entre la construction du bâtiment, des infrastructures, les flux de voitures des spectateurs…, à l’évidence, le bilan énergétique et carbone de la globalité de ce projet sera catastrophique.

D’après l’étude mobilité commandée par le département, ce sont au minimum 2000 véhicules qui débarqueront lors des grands évènements, à condition qu’il y ait 3 personnes par véhicules, et que 2000 personnes viennent autrement qu’en voiture. Selon cette même étude, et malgré d’énormes aménagements à prévoir au niveau du rond point de la nationale, il y aura une sur-saturation du trafic à hauteur de 147%, un doublement des émissions de CO2 et une augmentation de 75% de la pollution de l’air.

Saturation estimée par l’étude après de gros aménagements et mesures d’accompagnement

Enfin, le plus inquiétant reste le bénéfice-risque pour les Rochoises et Rochois qui sera très certainement déficitaire. Le prix des terrains, du logement, l’impact sur les commerces de centre-ville, la qualité de l’air…., seront fortement perturbés uniquement pour être à proximité d’équipements accessibles à une « élite sportive » ?

L’accès aux scolaires et aux clubs sportifs locaux est un leurre pour faire avaler la structure à la population. L’utilisation très spécifique de ce type d’Arena n’est pas compatible avec le projet d’utilisation qui nous est présenté.

Alors, à quel prix veut-on prendre le risque que notre ville où il fait « bon vivre » perde sa sérénité?

La Roche Autrement, depuis l’annonce de ce projet, est porteuse des inquiétudes grandissantes d’une grande partie de la population locale qui refuse ce grand projet inutile et imposé. C’est pourquoi nous continuerons à nous opposer activement jusqu’à l’abandon de ce projet ubuesque.

D’autant plus qu’une alternative existe : déplacer les épreuves sur piste des championnats du monde de cyclisme au vélodrome national de St Quentin-en Yvelines, qui a déjà accueilli par deux fois les championnats du monde sur Piste et accueillera les épreuves sur Piste des JO cet été. 

*Liens vers étude Mobilité et étude Air

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